Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/212

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
les mille nuits et une nuit

vers la fin de sa vie, il veillait toute la nuit, ne réservant plus rien pour le sommeil.

« Le même imam Al-Schâfi (qu’Allah l’ait en ses bonnes grâces !) a dit : « Durant dix ans de ma vie, je n’ai point voulu manger à ma faim de mon pain d’orge. Car trop manger est nuisible de toutes les manières. Cela épaissit le cerveau, endurcit le cœur, annihile les facultés intellectuelles, attire le sommeil et la paresse et enlève jusqu’à la dernière énergie. »

« Le jeune Ibn-Fouâd nous raconte : « J’étais un jour à Baghdad, au moment où l’imam Al-Schâfi y séjournait. Et j’étais allé sur la rive du fleuve pour faire mes ablutions. Or, pendant que j’étais accroupi à faire mes ablutions, un homme, suivi d’une foule silencieuse, passa derrière moi et me dit : « Ô jeune homme, soigne bien tes ablutions et Allah te soignera ! » Et je me retournai et je vis cet homme qui avait une grande barbe et un visage sur lequel était empreinte la bénédiction ; et aussitôt je me hâtai de terminer mes ablutions et je me levai et le suivis. Alors il me vit et se tourna vers moi et me dit : « As-tu besoin de me demander quelque chose ? » Je lui dis : « Oui, ô vénérable père ! Je désire que tu m’apprennes ce que certainement tu tiens d’Allah le Très-Haut ! » Et il me dit : « Apprends à te connaître ! Et alors seulement agis ! Et alors seulement agis selon tous tes désirs, mais en prenant garde de ne pas léser ton voisin ! » Et il continua son chemin. Alors je demandai à l’un de ceux qui le suivaient : « Qui donc est-il ? » Il me répondit : « C’est l’imam Mohammad ben-Edris Al-Schâfi ! »