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les mille nuits et une nuit

néreux envers mes hôtes ; et c’était d’ailleurs aussi la coutume de tous mes ancêtres. Reste donc et mange avec nous. » Et Moussa resta et mangea avec eux. Et à la fin du repas Schoaïb dit à Moussa : « Ô jeune homme, tu demeureras avec nous et tu mèneras paître le troupeau. Et au bout de huit ans, pour prix de tes services, je te marierai avec celle de mes filles qui était allée te chercher à la fontaine. » Et Moussa, cette fois, accepta et se dit en lui-même : « Maintenant que la chose devient licite avec la jeune fille, je pourrai user sans réticence de son derrière béni ! »

« Il est raconté qu’Ibn-Bitar ayant rencontré un de ses amis, celui-ci lui dit : « Où étais-tu donc tout ce temps que je ne t’ai point vu ? » Ibn-Bitar dit : « J’étais occupé avec mon ami Ibn-Schéab. Le connais-tu ? » Il répondit : « Si je le connais ! Il est mon voisin depuis plus de trente ans. Mais je ne lui ai jamais adressé la parole. » Alors Ibn-Bitar lui dit : « Ô pauvre homme, ne sais-tu donc pas que celui qui n’aime pas ses voisins n’est pas aimé d’Allah ? Et ne sais-tu pas qu’un voisin doit autant d’égards à son voisin qu’à son propre parent ? »

« Un jour Ibn-Adham dit à un de ses amis qui revenait avec lui de la Mecque : « Comment vis-tu ? » Il répondit : « Lorsque j’ai à manger je mange, et lorsque j’ai faim et qu’il n’y a rien je patiente ! » Et Ibn-Adham répondit : « En vérité tu ne fais pas autrement que ne font les chiens du pays de Balkh ! Quant à nous, lorsque Allah nous donne notre pain nous le glorifions, et lorsque nous n’avons rien à manger nous le remercions tout de même. » Alors