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les mille nuits et une nuit

lui dit : « Ô saint imam de la foi, je viens m’éclairer. Éclaire-moi ! J’ai coutume de veiller la nuit sur la terrasse de notre maison à filer la laine à la clarté des flambeaux qui passent ; car nous n’avons point de lumière à la maison. Et le jour je travaille et je prépare la nourriture de la maison. Dis-moi donc s’il m’est permis d’user ainsi d’une clarté qui ne m’appartient pas. » Alors l’imam lui demanda : « Qui es-tu, ô femme ? » Elle dit : « Je suis la sœur de Baschra le Déchaussé. » Et le saint imam se leva et baisa la terre entre les mains de la jeune fille et lui dit : « Ô sœur du plus parfumé d’entre les saints, que ne puis-je toute ma vie humer la pureté de ton cœur ! »

« On raconte aussi qu’un sage d’entre les sages a dit cette parole : « Lorsque Allah veut du bien à l’un de ses serviteurs, il ouvre devant lui la porte de l’inspiration. »

« Il m’est parvenu que lorsque Malek ben-Dinar passait dans les souks et voyait des objets qui lui plaisaient, il se réprimandait en se disant : « Mon âme, c’est inutile ! Je ne t’écouterai pas ! » Car il aimait à répéter : « Le seul moyen de sauver son âme, c’est de ne point lui obéir ; et le sûr moyen de la perdre, c’est de l’écouter. »

« Et Mansour ben-Omar nous raconte le fait suivant : « J’étais une fois allé en pèlerinage à la Mecque en passant par la ville de Koufa. Et c’était une nuit pleine de ténèbres. Et j’entendis, dans le sein de la nuit, près de moi, sans distinguer d’où elle sortait,