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les mille nuits et une nuit

des aveux d’un inculpé en le soumettant à la torture ou à la faim, car cela n’est point digne des musulmans. Et d’ailleurs Al-Zahri a dit : « Trois choses font déchoir un kâdi : qu’il témoigne de la condescendance ou du respect à un coupable haut placé, qu’il aime la louange, qu’il craigne de perdre sa situation. » Et le khalifat Omar ayant un jour destitué un kâdi, celui-ci lui demanda : « Pourquoi m’as-tu destitué ? » Il répondit : « Parce que tes paroles outrepassent tes actes ! » Et le grand Al-Iskandar aux Deux Cornes réunit un jour son kâdi, son cuisinier et son scribe principal ; et il dit à son kâdi : « Je t’ai confié la plus haute et la plus lourde de mes prérogatives royales. Aie donc l’âme royale ! » Et il dit à son cuisinier : « Je t’ai confié le soin de mon corps, qui désormais dépend de ta cuisine. Sache donc le traiter avec un art sans violence ! » Et il dit à son scribe principal : « Quant à toi, ô frère de la plume, je t’ai confié les manifestations de mon intelligence. Je t’adjure de me transmettre intégral aux générations, au moyen de ton écriture ! »

Et la jeune fille, ayant dit ces paroles, ramena son voile sur son visage et recula parmi ses compagnes. Alors s’avança la seconde adolescente, qui avait…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.