Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
les mille nuits et une nuit

toutes sortes d’ornements et d’habits royaux et de tapis.

Et, en s’acheminant vers la tente de Nôzhatou et de Daoul’makân, le chambellan sentait augmenter en lui son respect pour son épouse Nôzhatou, et il se disait en lui-même : « Quel voyage béni et de bon augure ! » Et, en arrivant, il ne voulut point entrer chez son épouse sans lui en demander d’abord l’autorisation, autorisation qui lui fut d’ailleurs immédiatement accordée.

Alors le chambellan entra sous la tente et, après les saluts d’usage, il leur conta tout ce qu’il avait vu et entendu, et la mort du roi Omar et l’élection de Daoul’makân de préférence à Scharkân. Puis il ajouta : « Et maintenant, ô roi généreux, il ne te reste plus qu’à accepter le trône sans hésitation, de peur que, dans le cas d’un refus, il ne t’arrive malheur de la part de celui qui sera élu à ta place ! »

À ces paroles, Daoul’makân, quoique douloureusement affecté par la mort de son père, le roi Omar, et bien que lui et Nôzhatou fussent tout en larmes, dit : « J’accepte l’ordre du Destin, puisqu’on ne peut y échapper, et que tes paroles sont pleines de bon sens et de sagesse. » Et il ajouta : « Mais, ô vénérable beau-frère, quelle sera ma conduite envers mon frère Scharkân, et que dois-je faire pour lui ? » Il répondit : « La seule solution équitable est de partager l’empire entre vous deux, et tu seras le sultan de Baghdad et ton frère Scharkân sera le sultan de Damas. Tiens-toi donc fermement dans cette résolution, et il n’en résultera que toutes choses de paix et