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histoire du roi omar al-némân
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dont l’eunuque se gardait bien de l’entretenir.

Quant à Nôzhatou et à Daoul’makân et au chambellan, ils ne cessèrent de voyager à la tête de la caravane dans la direction de Baghdad. Et il ne leur restait plus qu’une seule journée de marche pour arriver au but tant désiré. Et comme, le dernier matin, après la dernière halte de nuit, ils s’apprêtaient à continuer leur route, ils virent soudain s’élever devant eux une épaisse poussière qui obscurcit le ciel et fit la nuit autour d’eux. Alors le chambellan essaya de les tranquilliser et leur dit de ne pas bouger, et il prit avec lui ses mamalik au nombre de cinquante et s’avança du côté de la poussière.

Or, au bout de très peu de temps, la poussière s’éclaircit devant eux et à leurs yeux apparut une armée formidable, bannières et signaux au vent, et marchant en ordre de bataille au son des tambours. Et aussitôt de l’armée se détacha un corps de guerriers qui s’avança vers eux au galop ; et chaque mamelouk du chambellan fut cerné par cinq guerriers à cheval.

À cette vue, le chambellan, fort surpris, leur demanda : « Qui êtes-vous pour agir de la sorte envers nous ? » Ils répondirent : « Mais qui donc êtes-vous, vous mêmes, et d’où venez-vous et où allez-vous ? » Le chambellan répondit : « Je suis le grand-chambellan de l’émir de Damas, le prince Scharkân, fils du roi Omar Al-Némân maître de Baghdad et du pays de Haurân. Et c’est le prince Scharkân qui m’envoie vers son père, à Baghdad, lui porter le tribut de Damas et des cadeaux. »

À ces paroles, tous les guerriers soudain tirèrent