Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al-némân
173

l’eunuque et des esclaves qui soudain avaient couru à lui et l’avaient entouré, il se sentit mourir et son teint jaunit et ses genoux s’entrechoquèrent et tous ses muscles frémirent de terreur. Et il ne douta plus que Daoul’makân, pour se disculper, ne l’eût indiqué à la vindicte de l’épouse du chambellan. Car aussitôt l’eunuque lui cria : « Ô menteur !… »

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SOIXANTE-SEIZIÈME NUIT

Elle dit :

Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, que l’eunuque cria au terrifié chauffeur : « Ô menteur ! pourquoi m’avoir dit que, non seulement tu n’avais pas chanté les vers, mais que tu ne savais même pas qui les avait chantés. Or, nous savons bien maintenant que le chanteur était ton propre compagnon. Aussi sache bien que, d’ici à Baghdad, je ne te quitte plus d’un pas ; et tu subiras, à notre arrivée, le même sort que ton compagnon ! » À ces paroles de l’eunuque, l’effaré chauffeur se mit à se lamenter et pensa en lui-même : « Voici que je vais éprouver juste ce que je voulais tant éviter ! » Et l’eunuque dit aux esclaves : « Prenez-lui cet âne, et donnez-lui ce cheval ! » Et les esclaves, malgré les larmes du pauvre