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histoire du roi omar al-némân
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mille dinars qu’elle contient. Mais cours vite prévenir ton maître que je désire le voir ! » Alors l’eunuque, fort réjoui de tout cela, se hâta d’aller prévenir son maître le chambellan, qui ne tarda pas à arriver sous la tente de son épouse. Et il fut au comble de la surprise de voir chez elle un jeune homme étranger, et, de plus, au milieu de la nuit. Mais Nôzhatou se hâta de lui raconter leur histoire depuis le commencement jusqu’à la fin et ajouta : « C’est ainsi, ô chambellan vénérable, qu’au lieu d’épouser en moi une esclave comme tu le croyais, tu as épousé la fille même du roi Omar Al-Némân, Nôzhatou’zamân ! Et voici mon frère Daoul’makân ! »

Lorsque le grand-chambellan eut entendu cette histoire extraordinaire, dont il ne mit pas en doute la véracité un seul instant, il fut à la limite de la dilatation de se savoir devenu le gendre même du roi Omar Al-Némân ; et il pensa en lui-même : « Cela va me faire devenir au moins gouverneur d’une province d’entre les provinces ! » Puis il s’approcha respectueusement de Daoul’makân et lui présenta ses compliments et félicitations pour la délivrance de tous ses maux et pour sa réunion à sa sœur. Et aussitôt il voulut donner l’ordre aux serviteurs de dresser une seconde tente pour y loger son nouvel hôte ; mais Nôzhatou lui dit : « La chose est maintenant inutile, car nous ne sommes plus qu’à une faible distance de notre pays ; et d’ailleurs comme il y a un long temps que moi et mon frère ne nous sommes vus, nous allons être très heureux d’habiter sous la même tente et de nous rassasier de la vue l’un de l’autre avant l’arrivée. » Et le chambellan