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les mille nuits et une nuit

je te raconte mon histoire ! » Mais Daoul’makân lui dit : « Raconte-moi, toi la première, toute ton histoire ! » Alors Nôzhatou narra à son frère tout ce qui lui était arrivé, sans omettre un détail. Et il n’y a pas d’utilité à le répéter. Puis elle ajouta : « Quant à mon époux le chambellan, tout à l’heure je te le ferai connaître ; et il t’agréera, car c’est un très brave homme. Mais d’abord hâte-toi de me raconter tout ce qui t’est survenu depuis le jour où je t’ai laissé malade dans le khân de la Ville Sainte. » Alors Daoul’makân ne manqua pas de la satisfaire, et termina son histoire en lui disant : « Mais surtout, ô Nôzhatou, je ne saurai jamais assez te dire combien cet excellent chauffeur du hammam a été bon pour moi, car il a dépensé pour me soigner tout ce qu’il avait d’argent mis de côté, et il m’a servi nuit et jour, et il a agi à mon égard comme n’agit point un père ou un frère ou un ami très dévoué, et il a poussé le désintéressement jusqu’à se priver de nourriture pour m’en donner, et de son âne pour me faire monter dessus, alors que lui-même le conduisait en me soutenant ; et, en vérité, si je suis encore en vie, c’est à lui que je le dois ! » Alors Nôzhatou dit : « Si Allah veut, nous saurons reconnaître ses bons services, autant qu’il sera en notre pouvoir ! »

Ensuite Nôzhatou appela l’eunuque qui accourut aussitôt et baisa la main de Daoul’makân et se tint debout devant lui ; alors Nôzhatou lui dit : « Bon serviteur au visage de bon augure, comme c’est toi le premier qui m’as annoncé la bonne nouvelle, tu vas garder pour toi la bourse que je t’ai donnée avec les