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histoire du roi omar al-némân
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Lorsque l’eunuque eut vu cela, il fut à la limite de l’étonnement et tout à fait interloqué ; mais il se hâta de prendre dans la tente une grande couverture et l’étendit sur eux, en signe de respect et pour les mettre à l’abri contre les passants du hasard. Et il attendit, tout songeur, qu’ils fussent revenus de leur évanouissement.

Bientôt, en effet, Nôzhatou se réveilla la première, et puis Daoul’makân. Et Nôzhatou, dès cet instant, oublia toutes ses peines passées et elle fut au comble du bonheur, et elle récita ces strophes :

« Tu avais juré, ô destin, que mes peines ne passeraient jamais. Et voici que je t’ai forcé à violer ton serment.

Car mon bonheur est complet et l’ami est à mes côtés. Et toi-même, ô destin, tu seras l’esclave qui, relevant les pans de sa robe, nous servira. »

En entendant cela, Daoul’makân serra sa sœur contre sa poitrine, et les larmes de joie débordèrent de ses paupières, et il récita ces strophes :

« Le bonheur en moi a pénétré, et sa violence est telle que les pleurs jaillissent de mes yeux.

Ô mes yeux ! vous avez pris l’habitude des larmes ; vous pleuriez hier de chagrin et pleurez aujourd’hui de bonheur. »

Alors Nôzhatou invita son frère à entrer avec elle sous la tente et lui dit : « Ô mon frère, raconte-moi à présent tout ce qui t’est arrivé pour qu’à mon tour