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les mille nuits et une nuit

le champ de course, et tel ! que s’il entrait en fureur ses narines jetaient des flammes étincelantes. Il avait conquis toutes les contrées et étendu sa domination sur toutes les villes et les capitales. Il avait, avec l’aide d’Allah, soumis toutes les créatures et fait pénétrer ses armées victorieuses dans les terres les plus reculées. Il avait sous sa suzeraineté l’Orient et l’Occident et, entre autres pays, l’Inde, le Sindh, la Chine, l’Yémen, le Hedjaz, l’Abyssinie, le Soudan, la Syrie, la Grèce, les provinces de Diarbekr, ainsi que toutes les îles de la mer et ce qu’il y a sur la terre de fleuves illustres, tels que Seihoun et Djihân, le Nil et l’Euphrate. Il avait envoyé des courriers aux extrêmes limites de la terre pour la mettre au courant de la vérité des faits et des nouvelles de son empire ; et tous les courriers étaient revenus lui annoncer que le monde entier était dans la soumission et que les dominateurs reconnaissaient avec respect sa suprématie. De son côté, il avait étendu, sur eux tous, les bienfaits de sa générosité et les avait noyés dans les flots de sa magnanimité ; et il avait fait régner parmi eux la concorde douce et la sécurité : car magnanime il était et d’âme élevée, en vérité.

Aussi de tous les côtés affluaient vers son trône les cadeaux et les présents, ainsi que tous les tributs de la terre en large et en long. Car juste il était et aimé très fort, en vérité.

Or, le roi Omar Al-Némân avait un fils appelé Scharkân. Et Scharkân ainsi s’appelait-il parce qu’il se révélait comme un prodige d’entre les prodiges de ce temps-là, et qu’il surpassait en valeur les héros les plus courageux par lui terrassés dans les