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histoire du roi omar al-némân
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car le destin nous a séparés ! » Et Nôzhatou, à ces paroles que lui rapporta l’eunuque, dit : « Fasse Allah que ce jeune homme puisse trouver une consolation dans ses malheurs et se réunir à ceux qu’il aime ! » Puis, elle dit à l’eunuque…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SOIXANTE-QUINZIÈME NUIT

Elle dit :

Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, que Nôzhatou, l’épouse du chambellan, dit à l’eunuque : « Va maintenant le prier de nous chanter quelques vers sur l’amertume de la séparation. » Et l’eunuque alla lui faire la prière comme l’avait ordonné sa maîtresse. Alors Daoul’makân, assis non loin de la tente, appuya sa joue sur sa main, et comme la lune éclairait les gens endormis et les bêtes, sa voix fusa dans le silence :

« Dans mes vers aux rimes mélodieuses, j’ai assez chanté l’amertume de l’absence et le triomphe de cette cruelle, de l’éloignement de qui j’ai tant souffert.

Maintenant, moi qui de poudre d’or sertis mes vers admirablement ouvrés, je ne veux plus chanter que les choses de joie et l’épanouissement,