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histoire du roi omar al-némân
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cher ? Puisse Allah la confondre et la maudire, elle, et son époux avec elle ! » Et, non content de cette sortie, Daoul’makân se mit à injurier l’eunuque sans discontinuer, pendant un bon moment. Et l’eunuque ne voulut rien répondre, car sa maîtresse lui avait bien recommandé de ne prendre le chanteur que par la douceur et de ne l’amener chez elle que de son propre vouloir. Aussi l’eunuque fit tout son possible pour lui dire des paroles onctueuses et adoucir son emportement ; il lui dit, entre autres choses : « Mon enfant, cette démarche que je fais auprès de toi n’est point pour t’offenser ou pour te faire de la peine, mais simplement pour te supplier de vouloir bien diriger tes pas généreux de notre côté, pour parler à ma maîtresse qui désire ardemment te voir. Et, d’ailleurs, elle saura bien reconnaître ta bonté pour elle ! »

Alors Daoul’makân fut touché et consentit à se lever et à accompagner l’eunuque sous la tente, tandis que le pauvre chauffeur, de plus en plus tremblant de peur pour Daoul’makàn, se décidait à le suivre de loin, en pensant en lui-même : « Quel malheur pour sa jeunesse ! Sûrement demain, au lever du soleil, il sera pendu ! » Puis il eut une pensée terrible qui le rendit encore plus épouvanté que jamais, car il se dit : « Qui sait même si Daoul’makân, pour se disculper, ne va pas maintenant rejeter la faute sur moi et prétendre que c’est moi qui ai chanté les vers ! Oh ! cela serait bien vilain de sa part ! »

Or, pour ce qui est de Daoul’makân ét de l’eunuque, ils se mirent à circuler avec difficulté entre les gens endormis et les bêtes et finirent par arriver à