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histoire du roi omar al-némân
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de la sorte, avec sa sœur, après avoir pris à peine de quoi subvenir aux dépenses de la route. Et je n’ai plus de leurs nouvelles. Car les pèlerins sont revenus sans tes frères ; et nul n’a pu me dire ce qu’ils sont devenus. Et voici que maintenant je me suis vêtu pour eux de mes habits de deuil, et je suis noyé dans mes larmes et ma douleur.

» Et ne tarde pas, ô mon fils, à me donner de tes nouvelles. Et je t’envoie mon souhait de paix à toi et à tous ceux qui sont chez toi ! »

Or, quelques mois après le reçu de cette lettre, Scharkân se décida à raconter le malheur de son père à son épouse, qu’il n’avait pas voulu troubler jusqu’alors, à cause de sa grossesse. Mais maintenant qu’elle avait accouché d’une fillette, Scharkân entra chez elle et commença d’abord par embrasser la fillette. Et son épouse lui dit : « La fillette vient d’avoir sept jours d’âge ; il te faut donc, selon la coutume, aujourd’hui que c’est le septième jour, lui donner un nom ! » Alors Scharkân prit la fillette dans ses bras et, comme il la regardait, il vit à son cou, suspendue par une chaîne d’or, l’une des trois merveilleuses gemmes d’Abriza, l’infortunée princesse de Kaïssaria.

À cette vue, Scharkân eut une telle émotion qu’il s’écria : « D’où as-tu cette gemme, ô esclave ? » Alors Nôzhatou, à ce mot d’esclave, se sentit étouffer d’indignation et s’écria :

« Je suis ta maîtresse et la maîtresse de tous ceux qui habitent ce palais ! Comment oses-tu m’appeler esclave, alors que je suis ta reine ! Ah ! mon secret