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histoire du roi omar al-némân
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elle également ignorait que le prince de Damas fût son propre frère Scharkân.

Aussi, cette nuit-là, Scharkân entra en possession de la jeune Nôzhatou ; et leurs délices, à tous deux, furent considérables ; et la chose fut si bien faite que du coup Nôzhatou devint enceinte. Et elle ne manqua pas de le révéler à Scharkân.

Alors Scharkân fut extrêmement réjoui et, lorsque vint le matin, il ordonna aux médecins d’inscrire ce jour heureux de la grossesse ; et il monta s’asseoir sur le trône pour recevoir les félicitations de ses émirs, de ses vizirs et des grands du royaume.

Cela fini, Scharkân fit venir son secrétaire particulier et lui ordonna d’écrire, sous sa dictée, à son père, le roi Omar Al-Némân, qu’il avait épousé une jeune fille achetée à un marchand et douée de beauté, de sagesse et de toutes les perfections de la science et de la culture ; qu’il l’avait affranchie pour en faire son épouse légitime ; qu’elle venait, dès la première nuit, d’être enceinte de lui, et qu’il avait l’intention de l’envoyer bientôt à Baghdad visiter le roi Omar Al-Némân, son père, sa sœur Nôzhatou et son frère Daoul’makân. Puis, la lettre écrite, Scharkân la cacheta et la remit à un courrier rapide qui partit aussitôt pour Baghdad et, au bout de vingt jours, revint avec la réponse du roi Omar Al-Némân. Et cette réponse était ainsi conçue…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.