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les mille nuits et une nuit

Aussi, à peine l’asr venu, le festin commença et les nappes furent tendues et l’on servit toutes choses pouvant satisfaire les sens et réjouir les yeux. Et tous les invités mangèrent et burent jusqu’à satiété. Alors Scharkân fit venir les chanteuses les plus illustres de Damas et toutes les almées du palais. Et la noce fit retentir la salle du festin et la joie emplit toutes les poitrines. Et tout le palais, la nuit venue, fut illuminé depuis la citadelle jusqu’aux portes extérieures, ainsi que toutes les allées, à droite et à gauche, du jardin. Et les émirs et les vizirs vinrent, une fois Scharkân sorti du hammam, présenter leurs hommages entre ses mains et leurs vœux de prospérité.

Et comme Scharkân était assis sur l’estrade spéciale des nouveaux mariés, voici que soudain entrèrent les femmes du palais, lentement sur deux rangs, avec la nouvelle mariée Nôzhatou soutenue par ses deux marraines. Et, après les cérémonies de rhabillement, elles conduisirent Nôzhatou dans la chambre nuptiale, et la déshabillèrent et voulurent procéder à sa toilette de corps ; mais elles virent qu’en vérité la toilette de corps était superflue pour ce miroir immaculé et cette chair d’encens. Alors les marraines firent à la jeune Nôzhatou les recommandations que font les marraines la nuit des noces aux jeunes filles, et lui souhaitèrent toutes sortes de délices et, l’ayant vêtue de la chemise fine seulement, elles la laissèrent seule, sur le lit.

Alors Scharkân fit son entrée dans la chambre nuptiale. Et il était loin de soupçonner que cette merveilleuse adolescente fût sa sœur Nôzhatou ; et