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histoire du roi omar… (les trois portes)
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MAIS LORSQUE FUT
LA SOIXANTE-DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

« Je vous en citerai seulement quelques traits choisis.

« Un jour, l’un des chambellans du khalifat Moawiah vint lui annoncer que le plaisant pied-bot Aba-Bahr ben-Kaïs était à la porte dans l’attente d’une audience. Alors le khalifat dit : « Fais-le vite entrer. » Et Aba-Bahr le pied-bot entra, et le khalifat Moawiah lui dit : « Ô Aba-Bahr, approche-toi encore, que je me délecte mieux de tes paroles. » Puis il lui dit : « Ô Aba-Bahr, quelle est ton idée sur moi ? » Le pied-bot répondit : « Moi ? Mais mon métier, ô émir des Croyants, est de raser les têtes, de couper les moustaches, de curer et soigner les ongles, d’épiler les aisselles, de raser l’aine, de nettoyer les dents et au besoin de saigner les gencives ; mais jamais je ne fais rien de tout cela le jour du vendredi, car ce serait un sacrilège. » Alors le khalifat Moawiah lui dit : « Et quelle est ton idée sur toi-même ? Et Aba-Bahr le pied-bot dit : « Je mets un pied devant l’autre et lentement je le fais avancer en le suivant de l’œil. » Le khalifat lui demanda alors : « Et quelle est ton idée sur tes chefs ? » Il répondit : « En entrant, je les salue sans faire de geste, et j’attends qu’ils me ren-