— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, arrêta son récit.
LA SOIXANTE-UNIÈME NUIT
Elle dit :
« Le grand Kesra, roi des Perses, écrivit un jour à son fils, à qui il avait confié une armée d’entre ses armées : « Ô mon fils, méfie-toi de la pitié, elle aliénerait ton autorité ; mais n’agis pas non plus avec trop de dureté, car elle ferait fermenter, parmi tes soldats, la révolte ! »
« Ceci nous a été rapporté également. Un Arabe vint trouver le khalifat Abou-Giafar-Abdallah Al-Mansour et lui dit : « Affame ton chien, si tu veux qu’il te suive. » Et le khalifat fut irrité contre l’Arabe. Et l’Arabe lui dit : « Mais prends garde aussi qu’un passant ne tende un pain à ton chien, car alors ton chien t’abandonnera pour suivre le passant ! » Alors Al-Mansour comprit et en fit son profit ; et il renvoya l’Arabe après lui avoir donné un cadeau.
« On raconte aussi que le khalifat Abd El-Malek ben-Merouân écrivit ceci à son frère Abd El-Aziz ben-Merouân, qu’il avait envoyé à la tête de son armée en Égypte : « Tu peux te passer de tes conseillers et de tes scribes, car ils ne te renseigneront que sur les choses que tu connais ; mais ne néglige jamais