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histoire du roi omar al-némân…
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manquèrent pas d’en demander l’autorisation à leurs époux.

Lorsque Nôzhatou vit entrer les épouses des vizirs et des émirs, elle se leva pour les recevoir et les embrassa avec cordialité et les fit s’asseoir à côté d’elle derrière le rideau ; et elle leur souriait gentiment et leur disait des paroles de bienvenue pour répondre à leurs souhaits et à leurs hommages ; et elle fut si gentille que toutes s’émerveillèrent de sa politesse, de sa beauté, de ses manières et de son intelligence, et se dirent entre elles : « On nous a dit que c’est une esclave affranchie ; mais, en vérité, elle ne peut être qu’une reine de naissance et fille de roi. » Et elles lui dirent : « Ô notre maîtresse, tu as illuminé notre ville par ta présence et tu as comblé d’honneur notre pays et ce royaume. Et ce royaume est ton royaume, et ce palais, ton palais, et toutes nous sommes tes esclaves ! » Et elle les remercia beaucoup pour leurs paroles, et de la manière la plus douce et la plus agréable.

Mais, à ce moment, Scharkân l’interpella de l’autre côté du rideau, et lui dit : « Ô jeune fille très chère, le joyau de ce temps, nous sommes tous ici prêts à t’entendre nous dire quelques mots délicieux, toi qu’on dit versée dans toutes les sciences et même dans les règles si difficiles de notre syntaxe. » Alors la jeune Nôzhatou, d’une voix aussi douce que le sucre, répondit de derrière le rideau : « Ton désir est un ordre, et il est sur ma tête et dans mes yeux ! Aussi, pour satisfaire à ton souhait, je te dirai, ô mon maître, des paroles admirables sur les trois portes de la vie. »