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les mille nuits et une nuit

la plus merveilleuse chose de ce temps, un objet qui réunit en lui tous les charmes et tous les dons, toutes les qualités et toutes les délices ! » Alors le prince Scharkân lui dit : « Hâte-toi de me le montrer ! » Et le marchand sortit et revint en conduisant Nôzhatou par la main et la plaça debout devant le prince. Mais le prince Scharkân fut loin de reconnaître en cette merveille sa sœur Nôzhatou qu’il avait laissée toute jeune à Baghdad et qu’il n’avait d’ailleurs jamais vue, étant donné la jalousie qu’il avait ressentie à sa naissance et à celle de son frère Daoul’makân. Et il fut à la limite du ravissement devant cette taille et ces formes admirables, et surtout lorsque le marchand eut ajouté : « La voilà, cette chose incomparable, l’unique de son siècle. Mais, outre la beauté qui lui est un don naturel, elle possède toutes les vertus et elle est versée dans toutes les sciences religieuses, civiles, politiques et mathématiques. Et elle est prête à répondre à toutes les questions des plus grands savants de Damas et de l’empire ! »

Aussi le prince Scharkân n’hésita pas un instant et dit au marchand : « Dis au trésorier de t’en payer le prix et laisse-la-moi, et va en paix ! » Alors le marchand lui dit : « Ô prince valeureux, cette jeune fille, dans ma pensée, était primitivement destinée au roi Omar Al-Némân, ton père ; et je ne venais te voir que pour te prier de me donner une lettre de recommandation pour lui ; mais, puisqu’elle te plaît, qu’elle reste ici. Et ton désir est sur ma tête et dans mes yeux ! Mais, en retour, je te prierai seulement de me donner le droit de franchise désormais pour