» Et ma jeunesse n’a éprouvé nulle joie débordante ni sourire heureux dans un jour de félicité.
» Car ton absence a appris à mes yeux les veilles et m’a pour toujours enlevé le sommeil.
» Et j’ai eu beau confier à la brise mes soupirs, jamais la brise ne les a transmis à celui vers qui ils s’exhalaient.
» Aussi, désespérée, je n’ose plus insister. Mais je veux signer ma plainte et mon nom.
» Moi la douloureuse, l’éloignée de ses parents et son pays, la torturée de cœur et d’esprit,
Lorsque Nôzhatou eut fini d’écrire, elle sabla la feuille, la plia soigneusement et la remit au marchand qui la prit respectueusement, la porta à ses lèvres puis à son front, la serra dans une étoffe de satin et s’écria : « Gloire à Celui qui ta modelée, ô merveilleuse créature ! »
— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.
LA CINQUANTE-NEUVIÈME NUIT
Elle dit :
Il m’est parvenu, ô Roi fortuné, que le marchand s’écria : « Gloire à Celui qui t’a modelée, ô merveil-