Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
les mille nuits et une nuit

tionner, à son tour, dans la lettre de recommandation que je désire avoir pour le roi Omar Al-Némân à Baghdad. Et, de plus, je voudrais que le prince Scharkân me donnât un sauf-conduit et une patente pour que les marchandises que désormais je prendrais avec moi, dans l’intention de les vendre à Baghdad, ne payent pas de droits ni d’impositions, à leur entrée à Baghdad. »

À ces paroles, Nôzhatou eut un soupir et ses yeux se mouillèrent de larmes. Alors le marchand lui dit : « Ô ma fille, pourquoi, chaque fois que je prononce le nom de Baghdad, te vois-je ainsi soupirer avec des larmes dans les yeux ? Y aurais-tu quelqu’un de toi aimé, ou un parent, ou un marchand ? Parle, ne crains rien ; car je connais tous les marchands de Baghdad et les autres. » Alors Nôzhatou dit : « Par Allah ! je n’y ai d’autre connaissance que le roi Omar Al-Némân lui-même, maître de Baghdad ! »

Lorsque le marchand de Damas eut entendu cette chose extraordinaire, il ne put s’empêcher de soupirer un grand soupir de bonheur et de contentement et se dit en lui-même : « Voilà mon but atteint ! » Puis il demanda à la jeune fille : « Lui aurais-tu été proposée déjà par un marchand d’esclaves, avant cette fois ? » Elle répondit : « Non ; mais simplement j’ai été élevée, dans son propre palais, avec sa fille. Et il me chérissait beaucoup ; et toute demande que je lui ferais, serait pour lui chose sacrée. Si donc tu voulais obtenir de lui une faveur quelconque, tu n’aurais qu’à me le dire et à m’apporter une plume, une écritoire et une feuille de papier, et je t’écrirais une lettre que tu remettrais en mains propres au roi