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histoire du roi omar al-némân…
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Temps et mon nouveau est Oppression-du-Temps ! » À ces paroles, dites avec l’accent le plus triste, le vieux marchand sentit ses yeux se mouiller de larmes. Et la jeune Nôzhatou aussi ne put retenir ses larmes et récita plaintivement ces strophes :

« Mon cœur te garde, ô voyageur ! Vers quelles terres inconnues es-tu parti, chez quels peuples, dans quelle demeure habites-tu ?

À quelle source bois-tu, ô vagabond ? Ici, moi, celle qui te pleure, je me nourris des roses de mon souvenir et je me désaltère à l’abondante source de mes yeux.

Et de difficile ou dur à ma pensée, il n’est rien que ton éloignement. Car tout le reste, à côté, m’est maintenant chose riante et aisée. »

Mais le Bédouin trouva que la conversation durait trop longtemps et il s’approcha de Nôzhatou, le fouet levé, et lui dit : « Qu’as-tu à bavarder de la sorte ? Lève ton voile de visage et finissons-en ! » Alors Nôzhatou regarda le marchand et lui dit d’un ton désolé : « Ô vénérable vieillard, de grâce ! délivre-moi des mains de ce brigand sans foi qui ne connaît pas Allah ! Sinon, cette nuit même, je me tuerai certainement ! » Alors le marchand se tourna vers le Bédouin et lui dit : « Ô cheikh des Bédouins, en vérité, cette jeune fille est pour toi un embarras. Vends-la-moi donc au prix que tu veux ! » Mais le Bédouin s’écria : « Je te répète que c’est à toi à faire l’offre, ou je vais tout de suite la reprendre et la ramener au désert faire paître les chameaux et ramasser les ex-