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les mille nuits et une nuit

attachée à son cou, dit notre Prophète Mohammad — que sur lui soient la prière et la paix d’Allah ! »

Lorsque le marchand eut entendu ces paroles, il fut émerveillé à la limite de l’émerveillement et sa raison s’envola de joie, et il se dit : « Certes ! je suis sûr maintenant, bien que je n’aie pas encore vu ses traits, qui doivent être ravissants, que j’en tirerai ce que je voudrai du roi Omar Al-Némân ! » Puis il se tourna vers le Bédouin et ne put s’empêcher de lui dire : « Cette esclave est admirable ! Combien en demandes-tu ? » À ces paroles, le Bédouin, furieux, s’écria : « Comment oses-tu dire qu’elle est admirable, alors qu’elle est la plus vile des créatures ? Ne sais-tu que maintenant elle va s’imaginer qu’elle est vraiment admirable, et que je ne pourrai plus avoir d’autorité sur elle ? Va-t’en ! je ne veux plus la vendre ! » Alors le marchand comprit que le Bédouin était une brute absolue, et qu’aucun raisonnement ne pouvait avoir de prise sur lui. Aussi il le prit autrement et essaya de tourner la difficulté et dit : « Ô cheikh des Bédouins, je l’accepte pourtant, bien qu’elle soit la plus vile des créatures, et je l’achète malgré ses tares ! » Alors le Bédouin, un peu calmé, dit : « Soit ! mais combien m’en offres-tu, voyons ? » Le marchand répondit : « Le proverbe dit : c’est le père qui donne un nom à son fils ! Demande donc toi-même ce que tu penses légitime. » Mais le Bédouin ne voulut rien entendre et dit : « C’est à toi à faire ton offre. » Et le marchand pensa : « Ce Bédouin est une brute entêtée et totale. Que pourrais-je lui offrir, surtout maintenant que cette jeune fille vient de conquérir mon cœur par la douceur de son parler et son