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les mille nuits et une nuit

« Quel est l’âge de cette esclave ? » Le Bédouin répondit : « C’est une toute jeune fille encore vierge, mais déjà nubile. Elle est pleine d’intelligence, de politesse, de finesse d’esprit, de beauté et de perfections. Malheureusement, depuis la maladie de son frère, le chagrin l’a affaiblie, l’a amaigrie et lui a fait perdre un peu de la plénitude de ses formes. Mais tout cela, il est facile de le faire revenir avec un peu de soins et d’oubli. » Alors le marchand lui dit : « Je vais avec toi voir ton esclave, puisque tu m’en as énuméré les qualités ; mais à la condition que, si je ne la trouve pas à ma convenance, rien n’est conclu entre nous ; mais si elle est vraiment comme tu dis, je te l’achèterai au prix sur lequel nous tomberons d’accord ; mais je ne te payerai ce prix qu’une fois que j’aurai revendu moi-même l’esclave. Car il faut bien que je te dise mon intention : sache que je la destine au roi Omar Al-Némân, maître de Baghdad et du Khorassân et dont le fils, le prince Scharkân, est gouverneur de Damas, notre ville. Je monterai donc chez le prince Scharkân, qui me connaît, et je lui exposerai la chose, et il me donnera une lettre d’introduction auprès du roi Omar Al-Némân qui, en raison de son goût connu pour les esclaves vierges, ne manquera pas de me l’acheter un prix très avantageux. Et je te paierai alors le prix convenu entre nous deux. » Et le Bédouin répondit : « J’accepte de toi ces conditions. »

Alors ils se dirigèrent tous deux vers le khân Sultani, où était enfermée Nôzhatou, et le Bédouin appela à haute voix la jeune fille, dissimulée derrière la cloison, en lui disant : « Ho ! Nahia ! ho !