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histoire du roi omar al-némân…
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et fit descendre Nôzhatou et s’approcha d’elle en fureur et lui dit : « Ô vile citadine sédentaire au cœur de lièvre, veux-tu cesser de pleurer, ou préfères-tu recevoir des coups de fouet à en mourir ? » À ces paroles brutales du Bédouin grossier, la pauvre Nôzhatou sentit son cœur se révolter et souhaita la mort pour en finir et s’écria : « Ô chef des brigands du désert, homme de malheur, tison d’enfer, comment oses-tu tromper de la sorte ma confiance et trahir ta foi et renier tes promesses ? Ô traître perfide, que veux-tu donc faire de moi ? » À ces paroles, le Bédouin, furieux, s’approcha d’elle, le fouet levé, et lui cria : « Vile citadine, je vois que tu aimes sentir le fouet sur ton derrière ! Or, je te préviens que si tout de suite tu ne cesses tes pleurs qui m’importunent et les paroles que ta langue insolente ose répondre devant ma face, je te prendrai la langue avec mes doigts, et je te la couperai et je te l’enfoncerai au milieu de ta chose entre tes cuisses ! Et cela, je te le jure sur mon bonnet ! » À cette menace horrible, la pauvre jeune fille, qui n’était pas habituée à ces brutalités de langage, se mit à trembler et se contint, de terreur, et elle se cacha la tête dans son voile et ne put s’empêcher de soupirer ce poème plaintif :

« Oh ! qui pourrait aller vers la demeure chérie où j’habitais, et faire parvenir mes larmes à leur destinataire ?

Hélas ! saurai-je plus longtemps endurer mon malheur dans une vie pleine d’amertume et de douleur ?

Hélas ! avoir si longtemps vécu heureuse et cajolée,