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histoire du roi omar al-némân…
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voyageur. Ami, sois le cavalier voyageur de la terre ! »

Lorsqu’il eut fini de réciter ces vers, que le chauffeur du hammam avait écoutés extatiquement et qu’il essaya d’apprendre en les répétant à plusieurs reprises, Daoul’makân se mit à réfléchir pendant un certain temps. Alors le chauffeur, qui ne voulait pas l’importuner, finit par lui dire : « Ô mon jeune maître, tu penses toujours à ton pays et à tes parents, je crois ! » Daoul’makân dit : « Oui, mon père ! Aussi je sens que je ne puis plus rester un instant de plus dans ce pays-ci et je vais te faire mes adieux et partir avec cette caravane par petites étapes, sans me fatiguer trop, et j’arriverai de la sorte avec elle dans Baghdad, ma ville. » Alors le chauffeur du hammam lui dit : « Et moi avec toi ! Car je ne puis point te laisser seul ni me séparer de toi et, comme j’ai déjà commencé à être ton gardien, je ne veux pas m’arrêter maintenant en chemin. » Et Daoul’makân dit : « Qu’Allah te rende ton dévouement en bienfaits et en toutes sortes de dons ! » Et il fut extrêmement réjoui de cette bonne fortune.

Alors le chauffeur pria Daoul’makân de monter sur l’âne et lui dit : « Tu resteras sur l’âne, pendant le voyage, tant que tu voudras ; et quand tu seras fatigué de cette pose, tu pourras, si tu veux, descendre et marcher un peu. » Et Daoul’makân le remercia chaleureusement et lui dit : « En vérité, ce que tu fais pour moi, le frère ne le fait pas pour son frère ! » Puis tous deux attendirent le coucher du soleil et la fraîcheur de la nuit pour se mettre en