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histoire du roi omar al-némân…
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courir lentement les souks et les rues de Damas. Et ils finirent par arriver devant une grande bâtisse où étaient les écuries du wali de Damas, car, à la porte, ils virent une quantité considérable de chevaux et de mulets, et beaucoup de chameaux accroupis que les chameliers chargeaient de matelas, de coussins, de ballots, de caisses et toutes sortes de charges ; et il y avait une foule d’esclaves et de serviteurs jeunes et vieux ; et tout ce monde criait et parlait et était dans le tumulte et le fracas. Et Daoul’makân se dit en lui-même : « Qui sait à qui appartiennent tous ces esclaves, ces chameaux et ces caisses ! » Puis il finit par s’en informer auprès de l’un des serviteurs, qui lui répondit : « C’est un cadeau du wali de Damas ; et il est destiné au roi Omar Al-Némân. Et tout le reste est le tribut annuel de la ville de Damas au roi Omar Al-Némân. »

Lorsque Daoul’makân eut entendu ces paroles, ses yeux se remplirent de larmes et il se récita doucement ces strophes :

« Si les amis du loin accusent mon silence et l’interprètent mal, comment pourrai-je répondre ?

Si mon absence a usé et tué en eux la vieille amitié, que me restera-t-il à faire ?

Et si je prends mes peines en patience, moi qui ai tout perdu et l’énergie, pourrai-je toujours répondre du restant de ma patience ? »

Puis il se tut un instant, et ces vers lui chantèrent à la mémoire :