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les mille nuits et une nuit

et lui et son épouse marchèrent derrière l’âne et quittèrent la ville sainte pour Damas et ne cessèrent de voyager jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés dans cette ville. Et ils y parvinrent à la tombée de la nuit et allèrent loger dans le khân ; et le chauffeur se hâta d’aller au souk acheter, pour eux trois, de quoi manger et boire.

Et cet état ne cessant pas, ils restèrent ainsi au khân pendant encore cinq jours, au bout desquels l’épouse du chauffeur, épuisée par les fatigues du voyage, eut une fièvre froide dont en peu de jours elle mourut. Et l’épouse du chauffeur mourut en la grâce et la miséricorde d’Allah.

Aussi Daoui’makân fut-il fort affecté de cette mort, car il s’était habitué à cette femme charitable qui le servait avec tant de dévouement ; et il en prit le deuil en son âme ; et il se tourna vers le pauvre chauffeur qui était abîmé dans sa douleur et lui dit : « Ne t’afflige pas, mon père, car nous suivons tous le même chemin et nous franchirons la même porte. » Et le chauffeur se tourna vers Daoul’makân et lui dit : « Qu’Allah te récompense pour ta compassion, ô mon enfant ! Et puisse-t-il un jour changer nos peines en joies et éloigner de nous l’affliction ! Aussi à quoi sert-il de nous affliger plus longtemps, tout est écrit ! Levons-nous donc et parcourons un peu cette ville de Damas que nous n’avons pas encore eu le temps de voir, car je veux que tu aies enfin la poitrine dilatée et l’esprit heureux. » Et Daoul’makân dit : « Ton idée est un ordre ! »

Alors le chauffeur se leva et, la main dans la main, il sortit avec Daoul’makân ; et ils se mirent à par-