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histoire du roi omar al-némân…
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ramena à la maison sur l’âne en question. Et justement l’épouse du chauffeur avait tout préparé pour le recevoir : la maison avait été lavée entièrement, et les nattes bien nettoyées et le tapis et les coussins. Alors le chauffeur fit se coucher à son aise Daoul’makân et lui donna à boire un sorbet frais au sucre et à l’eau de roses ; et puis il lui donna à manger l’un des poulets en question, en lui dépeçant lui-même les bons morceaux et en lui faisant boire le bouillon, et cela jusqu’à satiété. Alors Daoul’makân remercia Allah pour ses bienfaits et le retour de la santé, et dit au chauffeur : « Oh ! combien ne te dois-je pas de remercîments pour tout ce que tu as fait pour moi ! » Mais le chauffeur dit : « Laisse cela, mon fils ! Et, si j’ai une chose maintenant à te demander, c’est de me dire enfin d’où tu viens et quel est ton nom. Car je ne doute plus, à voir ton visage et tes manières, que tu ne sois quelqu’un de distinction et de haut rang. » Alors Daoul’makân lui dit : « Dis-moi d’abord comment et où tu m’as trouvé, pour qu’ensuite je te raconte moi-même mon aventure. »

Alors le chauffeur du hammam dit à Daoul’makân : « Pour ce qui est de moi, je t’ai trouvé abandonné sur le tas de bois devant la porte du hammam, un matin que je me rendais à mon travail. Et je n’ai point su qui t’avait ainsi jeté ; et je t’ai recueilli simplement dans ma maison. Et voilà tout. » À ces paroles, Daoul’makân s’écria : « Louange à Celui qui redonne la vie aux ossements sans vie ! Et toi, mon père, sache maintenant que tu n’as pas obligé un ingrat ; et bientôt, je l’espère, tu en auras les preuves. Mais, dis-moi, je t’en prie, en quel pays