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histoire du roi omar al-némân…
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malgré sa maigreur et les ravages de la maladie. Alors une grande pitié vint au chauffeur du hammam, qui s’écria : « Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah ! Voici que je viens de juger témérairement un pauvre jeune homme, étranger et malade, alors que notre Prophète (que sur lui soient la prière et la paix d’Allah !) nous a tant recommandé de prendre garde au jugement hâtif et d’être charitables et hospitaliers envers les étrangers, surtout envers les étrangers malades ! » Et le chauffeur du hammam, sans hésiter un instant, prit le jeune homme sur ses épaules et retourna à sa maison et entra chez son épouse et le lui mit entre les mains en la chargeant de le soigner. Alors l’épouse du chauffeur étendit un tapis par terre, mit sur le tapis un oreiller tout neuf et bien propre, et coucha doucement l’hôte malade. Puis elle courut allumer le feu, à la cuisine, et chauffa de l’eau, et revint laver les mains, les pieds et le visage du jeune homme. De son côté, le chauffeur alla au souk acheter de l’eau de roses et du sucre ; et il revint vite asperger le visage du jeune homme avec l’eau de roses, et lui fit boire du sorbet au sucre et à l’eau de roses. Puis il tira de la grande caisse une chemise bien propre, parfumée par les fleurs de jasmin, et la lui mit lui-même sur le corps. Ces soins venaient à peine de se terminer, que Daoul’makân sentit aussitôt une fraîcheur entrer en lui et le vivifier comme une brise délicieuse…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.