Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
les mille nuits et une nuit

de petits morceaux de viande grillée de mouton. » Et Nôzhatou lui dit : « Par Allah ! ô mon frère, comment faire pour acheter la viande ? Je ne puis ne résoudre à aller demander l’aumône aux gens charitables ! Mais, sois tranquille, dès demain j’irai chez quelque riche notable et je m’engagerai chez lui, comme servante. Et de la sorte je pourrai gagner le nécessaire. Et, en tout cela, il n’y a qu’une seule chose qui me coûte, c’est d’être obligée de te laisser seul pendant la journée. Mais que faire ? Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah le Très-Haut, ô mon frère ! et Lui seul peut nous faire retourner dans notre pays ! » Et Nôzhatou, à ces paroles, ne put s’empêcher d’éclater en sanglots.

Aussi le lendemain, à l’aube, Nôzhatou se leva et se couvrit la tête d’un vieux morceau de manteau en poil de chameau, que leur avait donné un bon chamelier, leur voisin au khân, et embrassa la tête de son frère et lui jeta les bras autour du cou en pleurant, et sortit tout en larmes du khân, sans savoir exactement où se diriger.

Et toute la journée Daoul’makân attendit le retour de sa sœur ; mais la nuit vint, et Nôzhatou n’était pas de retour. Et il l’attendit toute la nuit, sans fermer l’œil, et Nôzhatou ne revint pas ; puis le lendemain et la nuit suivante il en fut de même. Alors Daoul’makân fut pris d’une crainte très grande pour sa sœur, et son cœur se mit à trembler ; et de plus il était resté deux jours sans prendre aucune nourriture. Il se traîna alors péniblement jusqu’à la porte de la petite chambre et de là se mit à appeler le garçon du khân, qui finit par l’entendre ; et Daoul’-