Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du bossu… (le barbier)
91

Pendant que j’étais assis dans cet état, voici venir et descendre de sa mule, près de la porte de la maison, le kâdi lui-même de la ville, précédé de ses nègres et suivi de ses serviteurs. Le kâdi entra alors dans la maison à la fenêtre de laquelle j’avais vu l’adolescente, et je compris qu’il devait être son père.

Je revins alors chez moi dans un état d’esprit déplorable, et, tout plein de chagrins et de soucis, je me laissai tomber sur mon lit. Et alors vinrent à moi toutes les femmes de ma maison, mes parents et mes serviteurs, et tous s’assirent en rond autour de moi et se mirent à me questionner et à m’importuner sur la cause de mon état. Mais je ne voulus leur rien dire à ce sujet et ne leur fis aucune réponse. Mais mon chagrin augmenta tellement, de jour en jour, que je tombai sérieusement malade et fus tout le temps l’objet des soins et des visites de tous mes parents et amis.

Un jour, je vis entrer chez moi une vieille femme qui, au lieu de gémir sur mon état et de me plaindre, vint s’asseoir au chevet de mon lit et se mit à me dire des paroles fort douces pour me calmer ; puis elle me regarda attentivement, m’examina longuement, et dit en particulier à tous mes gens de me laisser seul avec elle. Alors elle me dit : « Mon enfant, je sais la cause de ta maladie, mais il faut que tu me donnes des détails ! » Alors je lui donnai tous les détails de la chose, et elle me dit : « En effet, mon enfant, cette adolescente est la fille du kâdi de Baghdad, et cette maison est bien sa maison. Mais sache que le kâdi n’habite pas au même étage que sa fille, mais à l’étage situé plus bas ; et, tout de