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les mille nuits et une nuit

hommes ne leur suffisent point, et elles s’aiment et se mêlent entre elles, et s’enivrent et se perdent. Aussi, à peine de retour ici, elle te rencontra et se donna à toi et t’alla trouver quatre fois de suite. Mais cela ne lui suffisait point. Comme elle avait déjà eu le temps de pervertir ma seconde fille, sa sœur, et de se faire passionnément aimer d’elle, elle n’eut pas de peine à la persuader de venir chez toi, après lui avoir raconté tout ce qu’elle faisait avec toi. Ma seconde fille me demanda donc la permission d’accompagner sa sœur au souk, et moi, je le lui permis. Et il arriva ce qui arriva ! Donc lorsque ma fille aînée revint sans sa sœur, je lui demandai où était sa sœur. Elle ne me répondit que par des pleurs, et finit par me dire, tout en larmes : « Je l’ai tout à fait perdue dans le souk, et je ne sais pas du tout ce qu’elle est devenue ! » C’est ce qu’elle me dit, à moi. Mais bientôt elle s’ouvrit à sa mère et finit par lui raconter, en secret, toute l’histoire et la mort de sa sœur, tuée de ses propres mains, dans ta maison. Et depuis lors elle est dans les larmes et ne cesse de répéter jour et nuit : « Je dois pleurer jusqu’à mourir ! » Quant à tes paroles, ô mon enfant, elles n’ont fait que me confirmer dans ce que je savais déjà, et m’ont démontré qu’elle disait la vérité. Tu vois donc, mon fils, combien je suis malheureux ! Aussi j’ai un souhait à faire et une prière à t’adresser, et tu ne refuseras pas. Je désire ardemment faire de toi un membre de ma famille, et te donner en mariage ma troisième fille qui est une jeune fille sage, ingénue et vierge, et qui n’a aucun