Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du bossu… (le médecin)
81

saisit de mon bras, et on me trancha la main droite, comme punition de ce vol ; et on fit cuire mon bras dans l’huile bouillante pour cicatriser la plaie. Et aussitôt je tombai évanoui de douleur. Et on me donna à boire quelque chose qui me fit recouvrer mes sens. Alors je ramassai ma main coupée et je revins à ma maison.

« Lorsque j’arrivai à ma maison, le propriétaire qui avait appris la chose, me dit : « Du moment que tu as été reconnu coupable de larcin et de choses illicites, je ne peux plus te garder dans ma maison. Tu vas donc reprendre tes effets et t’en aller chercher un gîte ailleurs ! » Je lui répondis : « Mon seigneur, je te prie de m’accorder seulement deux ou trois jours de délai pour que j’aie le temps de me trouver un autre logement ! » Et il me dit : « Je veux bien t’accorder ce délai. » Puis il me laissa et partit.

« Quant à moi, je me jetai à terre et me mis à pleurer et à me dire à moi-même : « Comment pourrais-je désormais retourner à Mossoul, mon pays, et avoir le courage de revoir mes parents avec ma main coupée ! Et mes parents ne me croiront pas lorsque je leur dirai que je suis innocent ! Aussi maintenant je n’ai plus qu’à me laisser aller à la volonté d’Allah, qui seul peut m’envoyer un moyen de salut ! »

« La peine et les chagrins que je continuai à avoir me rendirent malade, et je ne pus aller chercher une autre maison. Aussi, comme j’étais couché, le troisième jour, je vis tout à coup ma maison envahie par les gens du gouverneur général de Damas, et je vis s’avancer vers moi le propriétaire de la maison