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les mille nuits et une nuit

pris alors. Et la nuit que je passai avec elle jusqu’au matin comptera certes parmi les meilleures, c’est évident. Aussi je crus faire largement les choses en lui offrant, le matin, dix dinars d’or. Mais elle refusa et jura que jamais elle ne saurait accepter de moi quoi que ce fût. Puis elle me dit : « D’ailleurs, mon chéri, je reviendrai te voir dans trois jours, au crépuscule. Attends-moi donc sans faute. Et comme c’est moi qui m’invite chez toi, je ne veux pas être pour toi une cause de dépense. C’est moi donc qui vais te donner de l’argent pour préparer un festin comme celui d’aujourd’hui. » À ces paroles, elle me tendit dix dinars d’or qu’elle me força d’accepter ; puis elle me fit ses adieux et me quitta en prenant toute ma raison avec elle. Mais, comme elle me l’avait promis, au bout de trois jours elle revint me voir ; et elle était vêtue encore bien plus richement que la première fois, et si bellement que la langue essaierait vainement de décrire les étoffes brodées d’or et les soieries qui l’ornaient. De mon côté, j’avais préparé tout ce qu’il fallait, et vraiment je n’avais rien ménagé. Aussi nous nous mîmes à manger et à boire comme la dernière fois, et nous ne manquâmes certes pas de coucher ensemble, et cela jusqu’au matin. Elle me promit qu’elle reviendrait dans trois jours. Et, de fait, elle vint comme il était convenu, et, de mon côté, je la reçus avec tous les honneurs qui lui étaient dus. C’est alors qu’elle me dit : « Mon maître aimé, vraiment me trouves-tu belle ? » Je répondis : « Heh ! certes, par Allah ! » Elle me dit : « Alors je peux bien te demander la permission d’amener ici avec moi une adolescente plus belle