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histoire du bossu… (l’intendant)
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chandise me rapporta cinq drachmes d’argent. Aussi cela ne manqua pas de me réjouir fort. Puis mes oncles me laissèrent seul à Damas et firent route vers l’Égypte.

« Quant à moi, je continuai à habiter Damas, où je louai une maison merveilleuse et dont la langue humaine serait impuissante à énumérer les beautés. Elle me coûtait par mois deux dinars d’or. Mais ce n’est pas tout. Je me mis à faire de larges dépenses et à vivre en satisfaisant toutes mes envies, et à ne me priver d’aucun mets ni d’aucune espèce de boisson. Et cela dura de la sorte jusqu’à ce que j’eusse dépensé tout l’argent que je possédais.

« Sur ces entrefaites, comme j’étais un jour assis à prendre l’air à la porte de ma maison, je vis s’approcher de moi une adolescente richement vêtue et dépassant en élégance tout ce que j’avais vu en ma vie. Je me levai vivement et l’invitai à honorer ma maison de sa présence. Elle n’y mit pas de façons et, gentiment, elle franchit le seuil et pénétra dans l’intérieur. Je refermai alors la porte derrière nous et, tout joyeux, je l’enlevai dans mes bras et la transportai dans la grande salle. Là, elle se découvrit, enleva son grand voile et m’apparut dans toute sa beauté. Je la trouvai si ravissante que je devins complètement éperdu d’amour.

« Aussi je ne manquai pas de courir aussitôt chercher la nappe, que je couvris de mets succulents, des fruits les plus choisis et de tout ce que comportait mon devoir en pareille circonstance. Et nous nous mîmes à manger et à nous ébattre, puis à boire, tellement que nous nous grisâmes complètement. Je la