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les mille nuits et une nuit

menta encore lorsque je vis des traces de coups de verges sur tout son corps. Alors le jeune homme se tourna vers moi et me dit : « Ô médecin du siècle ! ne t’étonne point de me voir en cet état, car je me propose de t’en dire bientôt la cause, et tu entendras un récit bien extraordinaire. Mais, pour cela, il faut attendre que nous soyons sortis du hammam. »

Après avoir quitté le hammam, nous arrivâmes à la maison, où nous nous assîmes pour nous reposer et ensuite manger, tout en causant. Et le jeune homme me dit : « Ne préfères-tu pas que nous montions dans la salle haute ? » Je lui dis : « Mais certainement ! » Alors il ordonna aux gens de la maison de nous faire griller un mouton à la broche et de nous le monter ensuite dans la salle haute, où nous montâmes nous-mêmes. Et les esclaves nous apportèrent bientôt le mouton grillé et aussi toutes sortes de fruits. Et nous nous mîmes à manger, mais lui, toujours en se servant de sa main gauche. Alors je lui dis : « Maintenant raconte-moi cette histoire ! » Il me répondit : « Ô médecin du siècle ! je vais te la raconter. Écoute donc.

« Sache que je suis natif de la ville de Mossoul ; où ma famille compte parmi les plus importantes de la ville. Mon père était l’un des dix enfants que mon grand-père avait laissés à sa mort et il était l’aîné d’entre ses frères ; et mon père, comme tous mes oncles, à la mort de mon grand-père, était déjà marié. Mais lui seul avait eu un enfant, qui est moi ; et