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les mille nuits et une nuit

rozbaja cause de la perte de mes pouces ! » Et quand vous m’avez absolument obligé d’en manger, je me suis vu obligé, par mon serment, de faire ce que j’ai fait !»

— Alors, moi, ô Roi des siècles, continua l’intendant qui racontait l’histoire, je dis au jeune marchand de Bagdad, pendant que tous les assistants écoutaient : « Mais que t’est-il ensuite arrivé avec ton épouse ? » Il dit :

« Lorsque j’eus prêté le serment devant elle, son cœur se calma à mon égard et elle finit par me pardonner. Et alors, moi, je la pris et je couchai avec elle. Et nous restâmes ainsi un long temps unis en cet état. Au bout de ce temps, elle me dit : « Il faut bien que tu saches que personne à la cour du khalifat n’a appris ce qui s’est passé entre moi et toi ! Nul, si ce n’est toi, n’a jamais pu s’introduire dans ce palais. Et, si toi tu es entré ici, ce n’est que grâce aux bons soins d’El-Saïedat[1] Zobéida ! » Puis elle me remit cinquante mille dinars d’or et me dit : « Prends toute cette somme et va nous acheter, pour nous deux, une belle et vaste demeure, que nous y habitions ensemble. »

« Alors je sortis et j’achetai une maison magnifique et vaste. Puis j’y transportai toutes les richesses de mon épouse, tous les dons qu’on lui avait faits, les objets précieux, les belles étoffes et les beaux meubles et toutes les belles choses. Et je mis tout cela

  1. El-Saïedat, la grande dame, la maîtresse.