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histoire du bossu… (l’intendant)
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Alors seulement on fit entrer la jeune femme au hammam pour me la préparer selon l’usage.

« Pendant ce temps, on tendit la nappe pour moi et mes invités, et on apporta des mets exquis ; et entre autres choses il y avait, au milieu de poulets rôtis, de pâtisseries de toutes sortes, de farces délicieuses et de sucreries parfumées au musc et à l’eau de roses, un plat de rozbaja capable de rendre fou l’homme le plus sage et l’esprit le plus posé ! Et moi, à peine assis devant la nappe, par Allah ! je ne pus m’empêcher de me précipiter sur cette rozbaja et de m’en gorger. Puis je m’essuyai les mains, mais en oubliant de les laver…

« Après cela, je me levai et restai tranquille jusqu’à la nuit. Alors on alluma les flambeaux, et on fit entrer les chanteuses et les joueuses d’instruments ; et on se mit, à plusieurs reprises, à habiller la nouvelle mariée et chaque fois de façon différente ; et chaque fois, à chaque tour, chaque invité mettait une pièce d’or dans le plateau qu’on faisait circuler selon l’usage. Et le palais était entièrement rempli de la foule des invités ; et cela dura ainsi jusqu’à la fin. Alors j’entrai dans la chambre réservée, et on m’amena la nouvelle mariée, et les suivantes la déshabillèrent de tous ses vêtements et sortirent.

« Lorsque je la vis ainsi toute nue et que nous fûmes tous deux seuls sur notre couche, je la pris dans mes bras et je ne croyais pas, dans ma joie, que je la possédais vraiment. Mais, à ce moment même elle sentit l’odeur de ma main avec laquelle j’avais mangé la rozbaja, et lorsqu’elle sentit cette odeur, elle jeta un grand cri ! Et aussitôt accoururent