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histoire du bossu… (l’intendant)
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en mariage ; mais, si l’affaire est découverte, tu es sûr d’avoir la tête coupée. Qu’en dis-tu ? » Je répondis : « Certainement, j’irai avec toi. Tu n’as donc qu’à persister dans cette combinaison dont tu viens de me parler. » Alors le serviteur me dit : «  Lorsque la nuit sera venue, dirige-toi vers la mosquée que la dame Zobéida a fait construire sur le Tigre ; entre et fais ta prière et reste là à attendre ! » Et je répondis : « J’obéis, j’aime et j’honore ! »

« Lorsque le soir vint, j’allai à la mosquée, où j’entrai et me mis en prières, et j’y passai toute la nuit. Au point du jour, je vis arriver des esclaves dans une barque ; et ils avaient avec eux des caisses vides qu’ils introduisirent dans la mosquée et ils retournèrent vers leur barque. Mais l’un d’eux resta en arrière des autres ; et je l’examinai et je vis que c’était celui qui me servait d’intermédiaire. Et au bout de quelques instants je vis monter à la mosquée et venir à moi mon amie la suivante de Sett-Zobéida. Comme elle s’approchait, j’allai vivement à elle et l’embrassai, et elle m’embrassa aussi ; et nous nous assîmes un moment pour causer, et elle m’expliqua sa résolution. Puis elle me prit et me mit dans l’une des caisses, qu’elle ferma à clef ; et moi je n’avais pas encore eu le temps de réfléchir que j’étais déjà dans le palais du khalifat. Et on me fit sortir de la caisse, et on m’apporta des effets et des vêtements qui valaient certainement cinquante mille drachmes. Puis je vis vingt autres esclaves blanches, toutes aux seins merveilleux et toutes des vierges. Et au milieu d’elles se trouvait Sett-Zobéida, qui ne pouvait se mouvoir à cause de tout ce qu’elle avait