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et à mesure, de la caisse de l’adolescente ; je récupérai ainsi l’argent que je lui avais donné, et mon cœur fut rempli de joie et tout mon chagrin s’évanouit.

« Je me levai alors et je la serrai dans mes bras ; et nous nous assîmes tous deux à boire gaîment ensemble. Et elle continua à me dire les paroles les plus douces et les plus gentilles et à s’excuser du peu qu’elle faisait pour moi en comparaison de ce que j’avais fait pour elle. Puis, voulant encore mettre le comble à tout ce qu’elle avait déjà fait pour moi, elle se leva et inscrivit à mon nom tout ce qui était en sa possession en fait de vêtements de prix, bijoux, valeurs et propriétés bâties, et terrains, et cela par un certificat cacheté de sa propre main, et devant témoins.

« Et cette nuit-là, malgré tous les ébats auxquels nous nous livrâmes, elle s’endormit fort attristée du malheur qu’elle disait m’être arrivé à cause d’elle et que j’avais fini par lui raconter dans tous les détails.

« Mais, dès ce moment, elle ne cessa de se lamenter pour moi et de s’affliger, et tellement qu’au bout d’un mois passé de la sorte, elle tomba dans le mal de langueur, qui s’accentua de jour en jour et s’aggrava et fit qu’au bout de cinquante jours elle finit par expirer et être des élus de l’autre monde.

« Alors moi, je fis pour elle tous les préparatifs des funérailles, et la mis moi-même en terre, et fis faire toutes les cérémonies qui servent de clôture à l’enterrement ; et je ne ménageai point les dépenses d’argent. Après quoi je revins du cimetière et entrai