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de moi et me tendit la bourse et me la mit dans la main et me dit : « Tu es un jeune homme distingué, et le métier de voleur ne te convient pas, mon ami. » Alors j’acceptai la bourse et récitai ces strophes :

« Ouallah ! sache, toi, ô le meilleur des hommes, que voleur, de ma vie je ne l’ai été, ni brigand non plus ;

Mais du haut de mon char le malheur m’a précipité, et la destinée farouche ! Et depuis lors je ne fais que m’enfoncer dans les peines, les soucis et la misère.

Et ce n’est certes pas moi qui me suis mis dans cet état. Mais le Seigneur, quand j’étais roi, de sa main me jeta le javelot : et la couronne aussitôt de ma tête s’envola ! »

« Alors le cavalier me laissa et s’en alla, après m’avoir ainsi obligé à accepter la bourse. Et moi aussi, je m’éloignai, je m’enveloppai le bras avec mon mouchoir et le cachai dans la manche de ma robe. Et j’étais devenu bien pâle et j’étais dans un triste état, de tout ce qui était arrivé.

« Et, sans trop savoir où j’allais, je me dirigeai du côté de la maison de mon amie. En arrivant, je me jetai sur le lit, exténué. Et l’adolescente vit ma pâleur et mon accablement et me dit : « De quoi souffres-tu ? Et pourquoi ce changement de teint et cette pâleur ? » Et je lui répondis : « La tête me fait mal, et je ne suis pas bien portant ! » À ces paroles elle fut fort attristée et me dit : « Ô mon maître, ne me brûle pas ainsi le cœur. Assieds-toi, je t’en prie,