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un grand coup sur la tête ; aussitôt je tombai à terre et je fus entouré par un grand cercle de gens, dont quelques-uns empêchèrent le cavalier de passer outre, en arrêtant le cheval par la bride et en disant au cavalier : « C’est honteux de ta part de profiter ainsi d’un rassemblement pour frapper un homme sans défense ! » Mais le cavalier leur cria : « Sachez, vous tous, que cet individu n’est qu’un voleur ! » À ces mots, je revins de l’évanouissement dans lequel je me trouvais et j’entendis les gens qui disaient : « Mais non ! c’est un jeune homme trop bien et de trop de distinction pour voler quoi que ce soit ! » Et toutes les personnes qui étaient là étaient à se demander si j’avais volé ou si je n’avais pas volé ; et les explications contraires de part et d’autre et les discussions allaient leur train ; et je finis par être entraîné dans le courant de la foule et j’allais probablement pouvoir échapper à la surveillance du cavalier, qui ne voulait pas me lâcher, lorsque, par l’effet du destin, le wali et les gardes vinrent à passer par là, traversèrent la porte de Zaouïlat, s’approchèrent du rassemblement dont nous étions le centre, et le wali demanda : « Qu’y a-t-il donc par ici ? » Et le cavalier répondit : « Par Allah ! ô émir, voici un voleur ! J’avais dans ma poche une bourse bleue contenant vingt dinars d’or ; il trouva le moyen, au milieu du rassemblement, de me l’enlever. » Et le wali demanda au cavalier : « As-tu quelqu’un qui l’ait vu pour en témoigner ? » Et le cavalier répondit : « Non ! » Alors le wali appela le mokâdem, chef de la police, et lui dit : « Saisis-toi de cet homme et fouille-le ! » Alors le mokâdem