Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout nettoyé, qu’on avait lavé le parquet, fourbi les ustensiles de cuisine, préparé les flambeaux, allumé les lanternes, apprêté les mets et décanté les boissons et les vins. Et elle, à ma vue, se jeta dans mes bras, se mit à me caresser et me dit : « Oh ! que j’ai envie de toi ! » Après quoi, nous nous mîmes à manger jusqu’à satiété. Puis les servantes enlevèrent la nappe et nous apportèrent les boissons. Et nous ne cessâmes de boire et de casser des amandes et des noisettes et des pistaches jusqu’à minuit. Alors nous nous couchâmes jusqu’au matin ; et je me levai et lui remis les cinquante dinars d’or, selon mon habitude, et je sortis. À la porte, je trouvai l’âne, que j’enfourchai, et j’allai au khân, où je m’endormis. Et le soir je me levai et fis préparer le dîner ; j’apprêtai un plat de riz sauté au beurre et panaché de noix et d’amandes, puis un plat de topinambours frits, et bien d’autres choses aussi. Puis j’achetai des fruits, diverses espèces d’amandes et beaucoup de fleurs, et les envoyai là-bas. Et moi-même, je pris avec moi cinquante dinars d’or dans un mouchoir et je sortis. J’enfourchai le même âne et j’arrivai à la maison, où j’entrai. Là nous nous assîmes à manger et à boire, puis à copuler jusqu’au matin. Lorsque je me levai, je lui glissai le mouchoir et retournai à mon khân selon mon habitude.

« Cet état de choses ne cessant point, je finis, du jour au lendemain, par me ruiner complètement, et je ne fus maître ni d’un dinar ni même d’un seul drachme. Alors je ne sus que dire ; et je pensai en mon âme que tout cela était l’œuvre du démon. Et je récitai ces strophes :