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qu’à la tombée de la nuit. Alors les servantes nous apportèrent à manger et à boire en abondance. Et nous ne cessâmes de boire jusqu’à minuit. Alors nous allâmes nous étendre et nous enlacer, et cela jusqu’au matin. Et de ma vie je n’eus une nuit comme cette nuit-là.

« Le lendemain matin je me levai, je glissai doucement sous le chevet du lit la bourse qui contenait les cinquante pièces d’or, je pris congé de l’adolescente et me disposai à sortir. Mais elle se mit à pleurer et me dit : « Ô mon maître, quand reverrai-je ton beau visage ? » Je lui dis : « Je reviendrai ici ce soir même. »

« Lorsque je m’en allai, je trouvai à la porte l’âne qui m’avait porté la veille ; et l’ânier aussi était là qui m’attendait. Je montai sur l’âne et j’arrivai au khân Serour ; je mis pied à terre et donnai un demi-dinar d’or à l’ânier et lui dis : « Reviens ce soir vers le coucher du soleil. » Il me répondit : « Tes ordres sont sur ma tête ! » J’entrai alors au khân et j’y déjeunai ; puis je sortis pour aller recueillir chez les débitants le prix de mes marchandises ; je touchai l’argent et je revins ; je fis préparer un mouton grillé et j’achetai des douceurs ; et j’appelai un portefaix auquel je donnai l’adresse et la description de la maison de la dame et le payai d’avance et lui dis d’aller porter ces choses là-bas. Et moi, je continuai à m’occuper de mes affaires jusqu’au soir ; et alors l’ânier vint me chercher et je pris cinquante dinars d’or que je mis dans un mouchoir, et je partis.

« Lorsque j’entrai dans la maison, je vis qu’on avait