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rêve ? » Et je lui répondis : « Je suis ton esclave ! » Et elle dit : « Oh ! quel jour béni ! Quel bonheur ! Par Allah ! je ne vis plus, je ne goûte plus le plaisir du manger et du boire ! » Je lui répondis : « Et moi également ! » Puis nous nous assîmes à causer ; et moi, j’étais vraiment tout confus de cette réception et je tenais ma tête baissée.

« Au bout de quelques instants, on tendit la nappe et on nous présenta des mets somptueux : des viandes rôties, des poulets farcis et des pâtes de toutes sortes. Et tous deux nous mangeâmes jusqu’à satiété, et elle me mettait elle-même les morceaux à la bouche, et m’invitait chaque fois avec les termes les plus pressants. Ensuite on me présenta l’aiguière et le bassin de cuivre ; et je me lavai les mains, et elle aussi ; puis nous nous parfumâmes à l’eau de roses musquée ; et nous nous assîmes à nous entretenir. Et elle me récita ces deux strophes :

« Si de ta venue j’avais été d’avance prévenue, pour tapis à tes pieds j’aurais étendu la pourpre de mon cœur et le noir de mes yeux ;

J’aurais étendu pour ta couche la fraîcheur de mes joues ! Et toi, ô voyageur, je t’aurais mis, contente, sur mes paupières. »

« Puis elle se mit à me raconter ses peines intimes ; et je fis de même : et cela fit que je devins encore beaucoup plus amoureux. Alors nous commençâmes nos ébats et nos jeux ; et nous nous mîmes à nous embrasser et à nous faire mille caresses jus-