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nier : « Informe-toi maintenant, dans cette rue, de la maison du nakib[1] Aby-Schâma. » L’ânier s’en alla et revint au bout de quelques instants avec le renseignement demandé et me dit : « Tu peux descendre de l’âne. » Alors je mis pied à terre, et lui dis : « Marche devant moi pour me montrer le chemin. » Et il me mena à la maison et je lui dis : « Demain matin, tu reviendras ici me chercher pour me reconduire à mon khân. » Et l’ânier me répondit : « À tes ordres ! » Alors je lui donnai un quart de dinar d’or ; et il le prit et le porta à ses lèvres, puis à son front, pour me remercier, et s’en alla.

« Alors je frappai à la porte de la demeure. Et la porte me fut ouverte par deux fillettes, deux jeunes vierges aux seins droits et blancs arrondis comme deux lunes ; et elles me dirent : « Entre, seigneur ! Notre maîtresse est dans l’impatience de l’attente. Elle ne dort plus la nuit, à cause de l’ardeur de sa passion pour toi. » J’entrai alors dans une cour et je vis une superbe bâtisse avec sept portes ; et toute la façade était ornée de fenêtres donnant sur un vaste jardin. Ce jardin contenait des arbres fruitiers de toutes les espèces et de toutes les couleurs : il était arrosé par des eaux courantes ; on y entendait le parler des oiseaux. Quant à la maison, elle était toute en marbre blanc et diaphane et si poli qu’on pouvait y voir se refléter sa propre image ; et des ors en couvraient tous les plafonds intérieurs ; et tout autour couraient des inscriptions et des dessins de toutes les formes ; et elle contenait toutes les choses qui pouvaient charmer les yeux. Elle était

  1. Nakib : gouverneur d’une province.