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histoire de ghanem et de fetnah
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ces bijoux, de tous ces joyaux et de toutes ces belles choses dont tu m’as vue couverte dans la caisse. Et il me préféra à toutes les femmes du palais et négligea même pour moi son épouse favorite El Sett-Zobéida, sa parente. Aussi Sett-Zobéida conçut pour moi une haine qui ne tarda pas à montrer ses effets.

« Comme le khalifat s’était un jour absenté pour aller faire la guerre à l’un de ses lieutenants qui s’était révolté, Sett-Zobéida en profita pour combiner son plan contre moi. Elle réussit à corrompre l’une de mes servantes et la fit appeler un jour chez elle et lui dit : « Lorsque dormira ta maîtresse Kouat Al-Kouloub, tu lui mettras dans la bouche ce morceau de banj, après lui en avoir d’abord mis dans sa boisson. Et moi je t’en récompenserai et je te donnerai la richesse et la liberté ! » Et la jeune esclave, qui avait primitivement été l’esclave de Zobéida, répondit : « Je le ferai, certes, parce que je te suis dévouée et aimante ! » Et, toute joyeuse à l’idée des récompenses qui l’attendaient, elle vint chez moi et me donna à boire une boisson mélangée de banj. Et à peine cette boisson était-elle descendue dans mon intérieur que je tombai à terre comme une masse et mon corps entra en convulsions et mes talons arrivèrent à mon front, et je me sentis aller dans un autre monde. Lorsqu’elle me vit endormie, l’esclave alla chercher Sett-Zobéida qui vint et me mit dans cette caisse-là. Puis secrètement elle fit venir les trois eunuques en question et les gratifia avec beaucoup de générosité, eux et les portiers du palais, et me fit enlever de nuit, chargée sur les épaules des eu-