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les mille nuits et une nuit

et leur festin qu’à l’apparition de l’aube matinale. Et, comme le sommeil avait fini par peser sur leurs paupières, ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, mais sans rien accomplir, ce jour-là, de définitif.

À peine réveillé, Ghanem ne voulut pas être en retard de bonnes manières, et courut au souk acheter tout ce dont on pouvait avoir besoin pour la journée, en fait de viandes, de légumes, de fruits, de fleurs et de vins ; et il apporta le tout à la maison, et s’assit à côté de l’adolescente ; et tous deux se mirent à manger avec plaisir jusqu’à ce qu’ils en eussent assez ; après quoi, Ghanem apporta les boissons, et tous deux se mirent à boire et à s’ébattre jusqu’à ce que leur visage se fût enflammé, que leurs joues se fussent colorées et que leurs yeux fussent devenus plus noirs et plus brillants. Alors l’âme de Ghanem ben-Ayoub désira avec ardeur baiser l’adolescente et coucher avec elle. Et Ghanem dit : « Ô ma souveraine, permets-moi de t’embrasser sur la bouche, afin que ce baiser rafraîchisse le feu de mes entrailles ! » Elle répondit : « Ô Ghanem, attends encore un peu que je devienne ivre et que je perde toute retenue et toute notion ; et alors je te permettrai, en secret, de prendre ce baiser sur ma bouche, puisque alors je, ne pourrai plus sentir tes lèvres me sucer ! » Elle dit et, comme elle commençait à devenir un peu ivre, elle se leva debout sur ses deux pieds, et se débarrassa de toutes ses robes et ne laissa sur son corps que la chemise fine et sur ses cheveux que le léger voile de soie blanche aux paillettes d’or.